Il y a quelques jours, en pleine crise « des agriculteurs » et quelques heures après la fermeture du Salon de l’Agriculture, j’ai remis la main sur une publication certes datée mais toujours d’actualité. Elle est d’autant plus intéressante qu’elle émane d’un homme connu et reconnu de tous pour avoir fait rêver des centaines de milliers de
gamins, petits et grands à travers le monde.
L’auteur de ce document intitulé : « Pourquoi soutenir les agriculteurs locaux ? » n’est autre que l’astrophysicien médiatique, vulgarisateur scientifique de talent et écologiste de toujours, HUBERT REEVES, disparu il y a quelques mois (octobre 2023).
Comme chacun le sait, la nourriture nous est indispensable pour vivre et même pour survivre. En effet, contrairement à ce que l’on peut lire ou écrire ici ou là, jeûner ne peut durer que peu de temps. L’homme a donc besoin de répondre à ses besoins primaires et l’agriculture s’impose donc aujourd’hui comme un secteur prioritaire, durable et respectueux du vivant.
Evidemment la crise agricole a mis en lumière les différences de traitement important entre les grands voire les géants et les tous petits agriculteurs. Partout en France et en Europe, l’agriculture aujourd’hui n’a plus rien à voir avec ce qu’elle était il y a 40
ans. Elle s’est automatisée, industrialisée, « chimitisée » et globalisée. Le commerce des productions s’est mondialisé atomisant au passage les plus petites exploitations dont les produits sont en concurrence frontale avec des pays aux usages sociaux plus permissifs et aux traitements chimiques moins contrôlés.
Mais un contre-courant existe évidemment et fort heureusement. Non pas depuis quelques semaines ou quelques mois mais depuis près de 20 ans. C’est ce que j’ai redécouvert dans cette publication fort intéressante datant de 2007 et disponible sur www.hubertreeves.info. Cette approche pleine de bon sens me semble à moi aussi beaucoup plus en phase avec le monde qui vient et avec les priorités que doivent nous imposer les générations futures !
Je cite ici ce qu’HUBERT REEVES nous partageait déjà il y a 17 ans :
« Ce courant propose le respect du sol, de l’eau, de l’air et des humains, bien sûr.
Retour donc à des exploitations de dimensions relativement petites, mais avec l’intégration des nouvelles connaissances. Il ne s’agit en aucun as d’une régression.
L’agriculture biologique y participe quand elle reste locale. Car importer depuis l’autre bout du monde n’a rien de respectueux pour la planète.
Ce courant consiste à produire localement ce qui peut l’être en préservant les variétés séculaires afin de garantir une diversité génétique dont on sait qu’elle est déterminante pour l’adaptation aux fluctuations de température, par exemple. Mais aussi à produire localement pour maintenir ou créer des emplois, et produire
localement pour tisser des liens entre producteurs et consommateurs et rendre conviviaux les achats à la ferme, au marché ou livrés à domicile (abonnement au «panier de la semaine»). Ce courant consiste aussi à produire sainement.
Mais il s’agit là d’inverser le cours des événements qui se sont mis en place depuis longtemps, et ce retournement de situation ne peut exister que par une solide volonté des agriculteurs, des consommateurs et des élus, unis par un objectif de santé personnelle, familiale, sociétale et planétaire. Il faut donc regarder les programmes électoraux de très près… »
Je crois n’avoir, pour une fois et c’est rare, rien à ajouter.
Ah si une chose : Merci HUBERT REEVES !
Sébastien Ménard